24 avril 2021

Note de lecture du livre « Ce que les plantes ont à nous dire » de François Couplan.

Je découvre au passage ce botaniste à la fois dans ce livre, pris sans le connaître, à la bibliothèque, et dans une série de vidéo partagé sur un groupe botanique. Un chouette personnage qui ajoute à ma réflexion sur ma façon de me nourrir

Et il (le maître ès botanique de François Couplan) sortit de son armoire un cahier où il écrivait de magnifique sonnets classiques sur «les plantes de la Vôge » - Je m’en veux d’ailleurs de ne pas avoir recueilli ses poèmes végétaux qui furent mes premières leçons de botanique…

Ça fait deux fois que j’entends parlé de poésie pour apprendre la propriété des plantes, la botanique. Pourquoi je n’ai pas encore trouvé les ouvrages qui en contiennent ?

Il faut savoir qu’environ 90 % du total de la production agricole mondiale provient d’une vingtaine de plantes différentes seulement. Nous pouvons avoir accès en Europe à 1 600 espèces végétales comestibles et dans le monde à près de 80 000. Et la chose devient plus étonnante encore quand on s’intéresse à leurs propriétés nutritionnelles.

lorsqu’on a compris que le « véritable régime crétois » est basé sur une consommation massive et régulière de plantes sauvages et qu’il en est de même à Okinawa, on réfléchit différemment.

Mais alors ? Je sens la question sur vos lèvres : pourquoi des plantes si nombreuses, si nutritives et si savoureuses ne sont-elles pas consommées ?

La structure des plantes tiens en deux pages d’explication, un cours de botanique condensé. Je note quelques passage que je trouve intéressant pour rappel.

Une fleur « normale » est généralement composée de quatre parties emboîtées les unes dans les autres : de l’extérieur vers l’intérieur, un calice formé de sépales, une corolle composée de pétales, un androcée (du mot grec pour « mâle ») comportant des étamines et un gynécée (du mot grec signifiant « femme ») avec un ovaire, un style et un stigmate.

Ainsi les pins, qui appartiennent au groupe des Gymnospermes (les plantes « à graines nues », car leurs ovules se situent à l’air libre, plutôt qu’à l’intérieur d’un ovaire), produisent-ils d’étonnantes «pluies de soufre »formées de milliards de grains de pollen disséminés dans l’atmosphère pour tenter une fécondation aléatoire.

À propos de l’identification des plantes.

Les photos ne sont pas toujours très ressemblantes. On peut rarement s’y fier, d’ailleurs l’aspect des plantes est souvent changeant. Pour identifier nue plante avec certitude, il vaut mieux chercher des critères fiables - ou plutôt des ensembles de critères afin d’être sûr.

À propos des empoissonnements

Il est à noter, pour comparaison, que 57 % des appels aux centres antipoison concernent les médicaments et 32 % environ les produits de ménage. Mieux vaut donc cueillir que se soigner ou nettoyer sa maison - ou fumer, boire ou conduite une voiture, qui tuent bien d’avantage !

L’utilisation par l’être humain de végétaux propres à modifier les états de conscience est une réalité qui ne date pas d’hier : l’homme a, semble-t-il, toujours eu recours à des plantes ou des champignons pour dépasser sa condition et chercher à découvrir d’autres réalités que celle dans laquelle il vit son quotidien. L’écrivain américain Terence McKenna va même jusqu’à proposer dans son ouvrage La nourriture des dieux que c’est l’emploi régulier de substances «enthéogènes » (c’est-à-dire « qui créent le divin ») qui aurait permis à l’humanité de devenir elle-même - la fusion des perceptions par les différents sens favorisant, par exemple , l’apparition de la pensée symbolique et du langage. L’homme serait donc un quelque sorte « un singe droguée ».

Il y a ensuite tout une histoire sur le fait que les plantes sauvages ne seraient pas consommées de nos jours, alors que c’était le cas avant. Ça remonte au moyen-âge, période à laquelle, il semblerait qu’une distinction se crée entre les nobles et les paysans. Les nobles mangent des légumes importés, parce que c’est chic et inaccessible aux paysans, aux autres. Et ça crée une distinction. Les plantes sont un des éléments avec la lange, la viande, les vêtements.

Après avoir parlé des guerres, existante depuis l’agriculture

Quant à l’esclavage, le chasseur-cueilleur ne peut le pratiquer tant qu’il est nomade, car surveiller des prisonniers lors des déplacements du groupe s’avère pratiquement impossible. Et puis, que ferait-il d’une main-d’œuvre supplémentaire, même gratuite, puisqu’il subvient lui-même à tous ses besoins ? L’agriculture, en revanche, nécessite une abondance de bras pour défricher, retourner le sol, semer, arroser ou irriguer si nécessaire, désherber, puis enfin récolter le produit de son travail. L’esclavage devient systématisé lors de la formation des royaumes sumériens, il y a environ 4 500 ans, avec l’asservissement méthodique des populations, qui se fera, bien sûr, sous le couvert de la volonté divine…

Citation des travaux de l’anthropologue Marshall Sahlins issu de l’ouvrage Stone Age Economics, paru en 1974 (Âge de pierre, âge d’abondance).

Après de longue études de terrain, il conclut […] que la société des chasseurs-cueilleurs n’est pas une société de dénuement mais d’abondance, inconnue de nos société contemporaines, qui consiste à produire et consommer uniquement ce dont on a besoin. Et pour ce faire, estime l’auteur, l’individu se contente de travailler de trois à cinq heures par jour, selon les cultures et les milieux, contre plus de dix heures pour les agriculteurs. On peut donc se poser des questions sur l’intérêt de la chose…

L’agriculture nous a modifiés en nos corps… Peut-être vaudrait-il la peine de redonner une place aux plantes sauvages dans nos vie ?

Dans l‘inconscient collectif, et c’est ainsi que je l‘ai appris dans mon enfance, l‘agriculture a été « inventée » pour mettre fin aux disettes dont souffraient constamment les pauvres chasseurs-cueilleurs affamés. Or l’archéologie et l’histoire nous apprennent que c’est en fait le contraire : la famine est née avec l’agriculture. Les chasseurs-cueilleurs nomades connaissent parfaitement leur territoire et savent où trouver de quoi se nourrir en tout temps, même s’ils doivent pour cela parcourir de grandes distances. Pour que le gruope conserve sa mobilité, les femmes ne peuvent faire que peu d’enfants, car si elles en protent un, les autres doivent être en âge de marcher, donc avoir environ quatre ans. Si la contraception a sans doute été mise à profit, entre autres par un allaitement prolongé, l’infanticide était également pratiqué. D’une façon ou d‘une autre, la population s’autorégule. En revanche, lorsque, avec l’agriculture, les tribus se sédentarisent, les femmes peuvent alors donner naissance à une progéniture bien plus nombreuse. De ce fait, la population s’accroît rapidement…

Il parle ensuite de la selection de graine. Avec l’histoire d’une personne qui sélectionne les graines qui reste solidement attaché à l’épi, parce que c’est plus simple à récolter. Mais…

Ce que notre paysan ignore, c’est qu’il a choisi des individus d’un Triticum monococcum au génome modifié par rapport à la majorité des membres de cette espèce. En effet, dans la nature, les plantes dont le rachis se brise spontanément et dont les grans se disséminent facilement possèdent un avantage évolutif qui favorise la diffusion des gènes gouvernant ces caractères. Mais les des plants surviennent, porteurs de caractères différents, que la sélection naturelle devrait éliminer rapidement. Or, en l’occurrence, l’homme a d’autres intérêts que l’espèce végétale et sélectionne donc des individus moins à même de réussir au sein de leur milieu spontané.

Dans la première graine mise en terre se trouvait le germe de la bombe atomique…!

Je découvre aussi dans ce libre, l’histoire de Pandore. Je comprends mieux l’histoire de la boite maintenant :)

Il ne s’agit pas de dénigrer les apports de l’agriculture qui nous a procuré du confort, des plaisirs artistiques, des facilités de communication et de déplacements, ainsi qu’une plus grande compréhension du monde. Sans blé ni lentilles, pas de Bach ni de Mozart, de Beethoven ni de Debussy - ou de Jimi Hendrix, si l’on préfère -, de Monet ni de Van Gogh, de Molière ni de Victoru Hugo - ni de Boris Vian -, de Newton ni d’Einsten… Notre vie serait sans doute plus simple, mais probablement moins palpitante, moins variée qu’aujourd’hui. Mais si nous ne comprenons pas d’où nous venons, ni quels processus sont à l’œuvre, nous nous trouvons enfermés dans des schémas de réalité sur lesquels nous n’avons aucune prise, ce qui me semble dommage.

La lumière qui s’engouffre dans la trouée laissée par l’arbre mort stimule la croissance d’herbacées dont les graines ont germé dans la terre ameublie. Bientôt viendront de nouveau les prunelliers, les églantiers, les aubépines et les nerpruns qui avaient trouvé refuge dans les lisières. Pins et bouleaux prendront leur suite et quelques années plus tard, un jeune chêne se dressera à son tour au-dessus de la mêlée végétale qu’il dominera toujours davantage jusqu’à éliminer ses compétiteurs par son ombre. Le cycle aura été bouclé : la trouée se sera refermée…. tandis que d’autres se formeront çà et là dans la canopée au fur et à mesure que vieilliront, puis décèderont, les arbres.

Qu’est-ce que la nature ? François Terrasson, maître de conférences au Museum national d’histoire naturelle […] a introduit la notion de « pourcentage de nature ».

La nature…. Si je me mets à y réfléchir sincèrement, si je disserte à son sujet ou si j’en discute avec d’autres, je m’aperçois que ce n’est en fait qu’une notion créée par la culture : nous ne pouvons parler que de notre représentation de la nature.

Un citation de Victor Hugo issu de ses Carnets intimes:

C’est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas.

L’auteur fait ensuite parlé la renouée du japon qui s’exprime pour son espèce. Évoque une forme de racisme sélectif. L’aubergine à été importé, est célébrée. La rénouée est traitée d’envahissante, à exterminer. J’apprends d’ailleurs qu’elle est comestible !

Ce livre me donne vraiment envie de me pencher sur la cuisine de plante sauvage, sur l’aspect comestible. J’ai commencé l‘exploration des tisanes, des cremes, des huiles… Il me reste l’assiette !

Mais, cher auteur, je voudrais vous confier quelque chose qui nous chagrine. Nous sommes jalouses. Oui, jalouses du chou et de la carotte, bien davantage encore du maïs, de la betterave et du blé ; du riz aussi, et du soja. Voilà des plantes qui ont réussi ! Je me demande même si ce ne sont pas elles qui ont domestiqué l’homme plutôt que l’inverse…

Évocation d’un livre référence : L’encyclopédie des plantes alimentaires de Désiré Bois.

L’auteur évoque ensuite, avec pragmatisme, la situation actuel, et évoque une orientation. Diminuer nos besoins semble être une clef de cette orientation. Ça me semble effectivement un élément important, si ce n’est celui de base qui peut tirer beaucoup de chose derrière lui.

Il évoque également que non, « la solution » ne consiste pas a faire en sorte que le monde se nourrisse uniquement de plante sauvage. Il nous manquerais des apports nutritif. Il évoque la combinaisons de l’agriculture « bien conçu » (sans définir ce que ça serait) et l’usage de beaucoup de plantes sauvages.

La fin du livre à un petit côté penseur-philosophe de la vie. Je crois que j’aurais préféré que ça reste sur les plantes :)


J’aime bien le site de Maël : kont.me. Un design simple, tourné vers le mobile j’ai l’impression, et pourtant ça passe plutôt bien sur un grand écran (il y a pas mal de vide, mais c’est correct).

Et toujours dans un style que j’apprécie, très épuré, j’ai découvert le site de Yohann Boniface. Très chouette page d’accueil qui ouvre sur les divers perspective de lui même. Ça fait partie des choses que je pourrais peut-être faire. Mais j’ai tellement de mal à démêler mes activités que ce n’est pas simple :-/


Happiness comes from shipping stuff


A force de promouvoir soutien-gorge, épilation, talons aiguilles, mascara, corset, les médias nous poussent à souhaiter davantage être belles dans la douleur qu’à préserver notre confort physique.

N’avez-vous jamais eu l’envie, après avoir regardé un film ou lu un livre, d’accomplir quelque chose de grand ? Fascinée par Beth Harmon, de devenir championne d’échecs ? Inspirée par Katherine Johnson, de permettre aux fusées de voler ? La fiction produit des déclics en nous. Le personnage, qui ne vivait qu’entre les pages d’un livre ou les bobines d’un film, devient alors un être de chair et d’os…

La fiction contre l’oppression


J’avoue avoir toujours été sensible à la façon dont les personnes et les groupes rejettent d’autres personnes et d’autres groupes en prétendant pourtant corriger l’exclusion sociale. C’est ainsi qu’un groupe se ressert en son sein autour des figures d’autorités qui le plus souvent incarne des attributs du pouvoir que le groupe critique par ailleurs. C’est ainsi que la marginalisation se déroule à tous les niveaux de la vie sociale et que les minorités subissent le cumul de différent facteur d’exclusion. Parce que partout les caractéristiques du pouvoir se recoupe et se sont elles qui sont admirées.

La reproduction de l’admiration vécu dans le groupe où nous avons vécu. Tiens, il y a un truc qui me fait réagir, penser à ce que j’ai vécu, admiré, et le groupe où j’ai évolué.

Merci Pegguy !

ÉPISODE 21 SAISON 2 : Admirer autrement