Jeudi 18 novembre 2021

Difficulté à mettre en production aujourd’hui ; difficulté à revenir en arrière parce que la prod plante ; sentiment d’avoir vraiment fait n’importe quoi avec de grosse conséquence pour les autres avec la gestion du suivi de RDV-Solidarites ; Difficulté à trouver le temps de coder ; difficulté à prendre le temps de faire des courses de produit correct, qui me conviennent ; difficulté à décider si je vais à Paris ou pas la semaine prochaine ; difficulté de décider si je vais au séminaire scopyleft début janvier ; difficulté à être à l’écoute de mes émotions.

Quand Nicolas est venu à la rescousse pour la prod cette après-midi, j’ai pris conscience que j’étais sans doute en surmenage. Ce soir, après avoir décroché pendant 3 heures, presque sans rien faire, je lit l’article wikipedia sur le syndrome d’épuisement professionnel, j’ai l’impression de cocher pas mal de case. Et en même temps je suis persuadé que je suis loin de ce que certaines personnes vivent. Et je ne peux pas m’empécher d’imaginer que si je parle de ma « fatigue » certaines personnes vont me faire une sorte de leçon sur le fait que c’est pire pour d’autre, avec un petit sous entendu que je ferais bien de faire le taf quelque part…

Je crois qu’un truc est cassé dans le lien à ces personnes.

Il est peut-être temps de larguer les amarres, d’aller voir ailleurs.

Reprendre l’écriture de mon journal est sans doute une chose à faire, en y posant plus que des liens. En y posant ce qui me tracasse, ce qui me rends heureux aussi


Note de lecture La joie d’apprendre. Recueil de texte d’Élisée Reclus et de Pierre Kropotkine.

couverture du livre la joie d’apprendre

J’ai déjà lu ce livre, mais je n’avais peut-être pas pris de note, ou bien je le fais en doublon. Tant pis, je ne retrouve pas ces notes, alors je le refais avec une autre lecture.

Les jeunes s’imaginent volontiers que les choses peuvent changer rapidement, par de brusques révolutions. Non, les transformations se font avec lenteur, et, par conséquent, il faut y travailler avec d’autant plus de conscience, de patience et de dévouement. Dans la hâte d’une révolution immédiate, on s’expose par réaction à désespérer, quand on constate l’empire des préjugés absurdes et l’action des passions mauvaises. Mais l’anarchiste conscient ne désespère point : il voit le développement des lois de l’histoire et les changements graduels de la société, et s’il ne peut agir sur l’ensemble du monde que d’une manière infinitésimale, du moins peut-il agir sur soi-même, travailler à se dégager personnellement de toutes idées préconçues ou imposées, et grouper peu à peu autour de soi des amis vivant et agissant de la même façon. C’est de proche en proche, par petites sociétés aimantes et intelligentes que se constituera la grande société fraternelle. – Élisée Reclus, lettre du 12 avril 1895 à Mlle Clara Kœttlitz, citée par Hem Day.

Toutefois, l’obligation d’instruction pouvant devenir la source d’une grande iniquité, nous avons dû admettre - pour parer à cet inconvénient qui rendrait impossible la loi d’obligation - nous avons dû admettre, disons-nous, non-seulement la gratuité de l’enseignement, mais encore le principe que l’État doit subvenir aux frais d’entretien de toute la jeunesse pendant la durée de l’instruction de chacun, à tous les degrés. – De l’obligation en matière d’instruction (Charles Perron)

Toute révolution, dit Proudhon, se pose d’abord comme une plainte du peuple, accusation contre un état de choses vicieux dont les plus pauvres sentent les premiers la douleur. – De l’obligation en matière d’instruction (Charles Perron)

Les générations futures auront peine à se rendre compte par quelle étrange aberration l’humanité aura pu si longtemps ne pas comprendre que l’intérêt individuel bien entendu c’est l’intérêt de tous, et que l’intérêt de tous bien compris c’est le bonheur de chacun. – De l’obligation en matière d’instruction (Charles Perron)

Que l’instruction scientifique soit donnée à chacun à tous les degrés, et, par la force des choses, l’exploitation sous toutes ses formes, politique, religieuse, financière, etc., disparaitra. – De l’obligation en matière d’instruction (Charles Perron)

Maintenant que l’école est laïque, la formule religieuse a été remplacée par une formule de grammaire, les sentences latines incompréhensibles ont fait place à des mots français qui ne sont pas plus clairs. Que l’enfant comprenne ou non, peu importe ; il faut qu’il apprenne suivant un formulaire tracé d’avance. – L’avenir de nos enfants (Élisée Reclus)

D’ailleurs, ces écoles sont-elles sans esclavage, sans heures de retenue et sans barreaux aux fenêtres ? Si l’on veut élever une génération libre, que l’on démolisse d’abord les prisons appelées collèges et lycées ! – L’avenir de nos enfants (Élisée Reclus)

Tellement d’accord. Les collèges et lycées sont toujours le gros point noir du parcour de nos enfants au sein de l’éducation nationale à mon avis. Et pourtant, difficile de faire sans pour le moment. Quels options ? Pour le moment, j’imagine que le mieux serait de batir un établissement pouvant accueillir les jeunes de ces tranches d’âges pour les soustraires à ces lieux. Est-ce suffisant ?

À très juste titre on vous a préminu contre un danger, celui de vous répandre en trop de recherches à la fois, au risque de n’être plus que des amateurs, de n’avoir plus qu’une vue superficielle des choses ; mais il importe aussi de vous prémunir contre le danger opposé, celui d’une spécialisation à outrance, danger d’autant plus redoutable que certains se laissent aller facilement à le considérer comme un but à atteindre. – Le bonheur auquel la science nous convie

Toute l’histoire de la science moderne, comparée à la scolastique du moyen-âge, peut se résumer en un mot, « retour à la nature. » Pour apprendre, nous cherchons d’abord à comprendre. Au lieu de ratiociner sur l’inconcevable, il nous faut commencer par voir, par observer, étudier ce qui se trouve sous nos yeux, sous la prise même de nos sens et de note expérimentation. – L’enseignement de la géographie

J’aime cette approche, et ça me conforte dans l’axe que j’expérimente dans l’apprentissage de la programmation : passer d’abord par la lecture et la manipulation avant de parler des concepts.

Tôt ou tard, - toujours trop tôt, - le temps arrive où la prison de l’école enferme l’enfant entre ses quatre murs. Je dis « prison », parce que l’établissement d’éducation en est presque toujours une, le mot d’« école » ayant perdu depuis longtemps sa première signification grecque de « récréation » ou de « fête ». – L’enseignement de la géographie

Ah oui, c’est très différent effectivement. Je n’avais pas vraiment l’impression d’aller à une fête en allant à l’école. Ça serait pourtant beaucoup plus sympa à imaginer.

J’espère avoir fait du Rookie club une fête. Je crois que oui. Sans doute ma meilleure expérience en terme d’éducation à la programmation.

Pourquoi j’ai un peu de mal à écrire éducation ? J’utilise plus volontier apprentissage.

La « bifurcation » de l’école primitive, dans laquelle tous les adultes de l’endroit avaient leur part, ne se produisait qu’à l’époque de la puberté, lorsque les éphèbes et les adolescentes se préparaient aux épreuves qui devaient les faire entrer, les uns dans la société des hommes, les autres parmi les femmes et les mères de famillle ; mais alors la claustration de la jeune fille, prélude à l’asservissement qui l’attendait dans le ménage, mettait d’ordinaire un terme à tout eneignement : l’appropriation retranchait la femme de la société. C’est également en vertu de ce principe, à la dépendance de la femme relativement au père et à l’époux, que, dans la plupart des nations modernes, la pratique s’est établie d’élever les jeunes filles complètement à part des garçons ; logiquement on les préparait à leur subordination et l’enseigneent qu’on leur donnait était plus ou moins édulcoré par des mensonges et des mièvreries. – Éducation

Les examens et les concours des grandes écoles ne sont autre chose qu’une transformation des anciennes épreuves, mais en réalité, et toutes proportions gardées, ces épreuves modernes ont perdu de la sincérité primitive. – Éducation

Une très forte part de l’enseinement se fait de nos jours en vue de l’examen, et il ne saurait en être autrement puisque de l’examen dépendent les places, les positions officielles et sociales. – Éducation

C’est ainsi que les examens prennent ce caractère étranger à la science, puisque celle-ci devient un simple prétexteà l’obtention d’une estampille officielle ; le diplôme une fois obtenu, l’étudiant, tout à coup libéré d’un travail qu’il haïssait, se croit pleinement autorisé à la paresse. – Éducation

L’impression de la beauté précède le sens du classement et de l’ordre : l’art vient avant la science. L’enfant est ravi de tenir dans sa main un objet lumineux, de couleur éclatante, aux tintements argentins ; il jouit déliceusement de la musique des nuances et des sons, et seulement plsu tard il cherche à connaître le comment et le pourquoi de son hochet : il le regarde et lemanipule longuement avant de le démonter pour s’en rendre compte. – Éducation